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OEUVRES ET LIEUX D'EXPOSITION

      Tout d'abord, il est clair que certaines œuvres ont plus eu d'impact sur le public que d'autres. Parmi elles, « Napalm », qui a été réalisée en 1994 et diffusée en 2004 suite au projet « Santa's ghetto » qui consiste à réaliser des peintures sur le mur de gaza afin de redonner espoirs aux habitants Palestiniens et Israéliens. Cette œuvre est inspirée de la photographie du reporter américain lors de la guerre du Vietnam Nick Ut. Elle a été prise le 8 juin 1972. Elle met en scène une fillette nue, Kim PHUC, qui court les bras ouverts et le visage tordu de douleur. Elle fuit les bombardements de son village et l'horreur de la guerre. Dans l'oeuvre de Banksy, la fillette est mise en scène tenant les mains de Mickey Mouse et Ronald McDonald, égéries américaine. Ils sont symboles de puissance et de pouvoir. Banksy souligne ici le contraste du contexte de la guerre avec la joie que dégagent normalement ces deux fameux personnages qui ont pour but de divertir et d'amuser les enfants. Le sourire de l'enfant a été modifié par rapport à la photo originale. En effet, elle ne pleure plus mais affiche un sourire crispé. Quant à Mickey et Ronald, ils affichent un sourire vicieux, presque démoniaque. Le contexte de cette œuvre nous invite à découvrir le vrai visage habituellement sympathique de ces deux symboles américains. Cette œuvre est exposée sur le mur de séparation israelo-palestinien du côté palestinien. Son lieu d'exposition n'est pas un hasard. En effet, ce mur est célèbre suite au conflit israelo-palestien, et Banksy profite de la popularité de ce mur afin de diffuser mondialement son œuvre qui dénonce l'impérialisme et la réussite du capitalisme américain. 

       D'autre part, Banksy s'est servi de la frontière israëlo-palestienne pour d'autres œuvres telles que les vues paradisiaques. Ces œuvres représentent des paysages idylliques promouvant l'espoir d'un monde meilleur au delà de la frontière qui symbolise l'affrontement entre ces deux pays. Ces œuvres permettent également de faire passer un message de colère face aux nombreuses guerres qui opposent et ont opposés les Israéliens face aux Palestiniens. Banksy cherche alors à montrer que l'autre côté du mur n'est pas peuplé d'ennemis et qu'il peut être attirant. Une des deux œuvres, « Beach Boys » représente deux garçons au pied du mur qui s’amusent à faire des châteaux de sable. Au dessus d’eux un trou béant révèle un paysage paradisiaque en trompe-l’œil de l’autre côté du mur. On peut aussi voir un grillage de protection au premier plan. Les deux garçons étant peints en noir et blanc, ils font alors un contraste avec le paysage idyllique qui lui a été peint en couleurs vives. Ce contraste est accentué par le traitement réaliste de ce qui se situerait derrière le mur et le traitement simplifié des garçons et de la trouée du mur, amplifiant ainsi la distance qui les séparent. L'autre œuvre, « The Armoured Peace Dove » représente une colombe en plein vol, portant un gilet pare-balle en Kevlar et tenant un rameau d'olivier dans son bec. On peut deviner qu'elle est la cible d'un viseur de sniper et nous pouvons également apercevoir des impacts de balles sur le mur qui l'entoure. Ces derniers auraient eu lieu lors de l'Intifada. La colombe représentant la paix, cette œuvre montre à quelle point cette dernière est énormément menacée au Moyen-Orient suite aux guerres qui ont éclatées en Israël et en Palestine. Le rameau d'olivier est un des deux seuls éléments de l’œuvre peints en couleur, avec la cible de sniper. Le rameau d'olivier est un symbole de paix et de non-violence extrait du récit du Déluge dans La Bible. Il s'agit du messager de Dieu venant annoncer à Noé la fin du déluge. Picasso s'en serait également inspiré pour son œuvre Guernica en 1937. Ces deux œuvres sont des œuvres « in-situ », c'est à dire qu'elles ont été conçues presque sur mesure en fonction de leurs supports et du milieux qui les entourent. Ces espaces sont alors à interpréter pour leurs contextes. 

    Ensuite, Banksy a réalisé de nombreuses autres œuvres qui ont fait polémique. En particulier, « One Nation Under CCTV » qui signifie « Une nation sous les caméras de vidéo surveillance ».  Il s'agit probablement d'un jeu de mot avec l'expression « one nation under God » (« une nation sous l'autorité de Dieu »), présente dans le serment d'allégeance au drapeau des États-Unis. Cette œuvre qui a été peinte à Londres en 2008, se trouve sur les murs aveugles de l'immeuble Royal Mail. Elle mesure plus de sept mètres et représente un enfant qui peint la phrase sur une échelle et un policier qui filme la scène avec son téléphone portable, un chien étant assis à ses pieds. Les caméras sont dénoncées de trois manières différentes : d'abord par le slogan blanc qui attire l’œil, ensuite par le policier mis en scène, et enfin par la caméra de vidéo surveillance filmant la rue et donc le mur. Un an après son exposition, en 2009, elle a été effacée car le conseil municipal de Westminster la jugeait comme un graffiti. Le conseil spécifie explicitement que "Banksy n'a pas plus le droit de peindre des graffitis qu'un enfant." et selon Robert Davis, un membre du conseil, "accepter cette peinture reviendrait à autoriser tous les graffitis de Londres". Pour réaliser cette œuvre, Banksy a contacté anonymement la Royal Mail en leur disant que le mur nécessitait des travaux et a obtenu l'autorisation afin de monter un échafaudage. Six jours plus tard, elle est dévoilée et reconnue comme étant une œuvre de Banksy suite à la technique employée : les pochoirs. Le lieu d'exposition de cette œuvre n'est pas anodin. En effet, Banksy a utilisé la caméra de vidéo surveillance de la poste pour dénoncer le contrôle de l’État sur la population anglaise car depuis quelques années, de nombreuses caméras de vidéosurveillance ont été installées dans toute l'Angleterre. 

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