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PROPAGATION ET PROFIT DU PUBLIC

      Pour finir, Banksy est malgré tout l'artiste le plus populaire dans le monde du street-art. Dans une première partie, nous allons donc parler du moyen par lequel il procède afin de devenir populaire, et ensuite, dans un second temps, nous aborderons la question de comment le public arrive a tirer profit de son art.

 

 

     D'une part, les critiques envers Banksy vont accroître la propagation de sa popularité. En effet, le street-artist sait faire parler de lui et les opinions négatives a propos de ses œuvres vont se révéler être avantageuses ; cela va lui apporter une certaine popularité. De plus, son anonymat va éveiller la curiosité du public qui suscitera un certain intérêt à son sujet et encore et toujours sa soif de provocation. Effectivement, Banksy aime provoquer, il nous l'a déjà démontré notamment dans différents quartiers londoniens avec une exposition gratuite au public au Covent Garden. Dans cette exposition, le public a pu apercevoir une de ses œuvres polémiques « I can't believe you morons actually buy this shit » (« J'arrive pas à croire que des abrutis achètent cette merde »), cette dernière met en contexte une mise aux enchères avec la phrase éponyme dans le cadre de l'oeuvre mise en vente. Le montant de l'enchère semble afficher 1 000 000 de livres. Cette oeuvre dénonce le profit que touchent les artistes populaires d'art abstraits grâce au public dont certains ne connaissent finalement rien à l'art mais qui achètent tout de même ces œuvres selon son créateur, sa popularité et sa valeur sans même avoir de réel intérêt pour l’œuvre. Cette œuvre pourrait aussi dénoncer les œuvres de Banksy lui-même qui ont été achetés pour des millions après avoir été vandalisées. En effet, une des dernières œuvres de Banksy intitulée « Mobile Lovers » a été dérobée par les membres d'une association de Bristol dans le but de gagner de l'argent en faisant payer l'entrée pour voir l’œuvre. L'association a laissé une note à l'endroit où l'oeuvre a été dérobée avec comme information "La nouvelle oeuvre de Banksy est retenue dans notre association pour éviter qu'elle soit vandalisée ou abimée. Vous êtes libres de venir voir mais un don vous sera demandé à l'entrée. Merci". D'autre part, dans le quartier Fritzrovia de Londres, « If Graffiti changed anything, it'd be illegal » (« Si les graffitis changeaient quelque chose, ils seraient illégaux ») est apparue en avril 2011. Elle est inspirée du discours d'Emma Goldman, militante pour les droits des femmes, au début des années 1900 qui exprimait sa frustration avec le système politique. Dans son discours, elle a exprimé que « Si le vote changeait quelque chose, il serait illégal. ». Banksy reprend alors cette célèbre phrase pour la taguer sur les murs, dénonçant la société et son fonctionnement.

"I can't believe you morons actually buy this shit", exposition Covent Garden, Londres

"If graffiti changed anything, it'd be illegal", Fritzrovia, Londres

"Mobile lovers" avant et après avoir été vandalisée, Bristol

     Par ailleurs, Banksy cherchant à étendre un peu plus sa popularité dans le but de faire passer ses messages mondialement, il a produit le générique de la célèbre série « Les Simpsons » en dénonçant la face cachée de la société de consommation. En effet, dans le générique, l'artiste révèle l'exploitation de la population dans certains pays et en particulier les habitants des pays asiatiques, en mettant en scène des personnages caricaturés au style des Simpsons dans des usines avec des conditions de travail et de vie déplorables. De plus, Banksy jette un clin d'oeil au street-art lorsqu'il met en scène un des fameux personnages (Bart) écrivant sur le tableau d'une salle de classe « I musn't write on the walls » (« Je ne dois pas écrire sur les murs »). Il a également, dans le même intérêt, introduit une poupée gonflable grandeur nature, représentant un prisonnier de Guantanomo Bay avec le célèbre uniforme orange, dans une attraction du Disneyland en Californie. Cet acte lui attira, une fois de plus, beaucoup d’ennuis, mais il aura tout de même réussi à atteindre son but : attirer l'attention des médias pour dénoncer le système juridique et capitaliste.

     Cependant, le public est souvent complice de l'artiste car il l'aide à populariser ses œuvres et à élargir sa notoriété. Par exemple, en 2004, Banksy créa des contrefaçons de billets de 10 livres, sur lesquels la reine d'Angleterre est remplacée par Lady Diana, et la phrase « Bank Of England » devient « Banksy Of England ». Banksy distribua alors ces billets lors du carnaval de Notting Hill. Plus tard, on apprendra grâce aux médias que nombreux des billets ont été utilisés comme mode de paiement en les froissant comme s'il s'agissait de vrais billets, les commerçants n'ayant rien remarqué. Deux ans plus tard, il renouvela l'expérience et fit de Paris Hilton sa cible. En effet, il remplaça, dans une dizaine de magasins de disques londoniens, les CD de la riche héritière en changeant les titres de ses chansons par des questions telles que « Pourquoi suis-je célèbre ? » ou encore « A quoi suis-je utile ? ». Il dessina également lui-même la couverture de ses CD, on pouvait y apercevoir une Paris Hilton seins nus. A l'intérieur du boîtier, son visage était remplacé par une tête de chien et on pouvait la voir sortir d'une voiture de luxe enjambant un groupe de sans-abris. Certaines de ces copies ont même été achetées et revendues en ligne sur le site eBay pour un prix de 1000 livres.  

"Flower thrower", Jérusalem

"Rain Girl", Nouvelle-Orléans

Justin Bieber se prenant en photo avec son tatouage de "La Fille Au Ballon"

Billet de 10£ distribué au Carnaval de Notting Hill à Londres en 2004

    D'autre part, à Londres, partout dans la rue, de nombreux commerçants tirent profit du succès de Banksy, lorsqu'ils, par exemple, vendent des t-shirts ou des coques de téléphones sur lesquels sont représentés des œuvres du street-artist telles que « Flower thrower », localisée à Jérusalem, représentant un manifestant en noir et blanc jetant un bouquet de fleurs ou seules les fleurs apparaissent en couleur, cette œuvre revendiquant la paix. Les commerçants s'inspireront également de « Rain Girl », localisée en Nouvelle-Orléans, mettant en scène une petite fille qui se tient sous un parapluie sous lequel il pleut, alors que le ciel qui l'entoure a l'air dégagée. Cette œuvre représente le désespoir, le chagrin, car la pluie semble représenter les problèmes de la petite fille et cette dernière semble prise au piège par l'averse qui lui tombe dessus. Certains iront même jusqu'à se tatouer sur le corps certaines œuvres de Banksy. Prenons pour exemple l'idole des adolescentes, Justin Bieber. Le chanteur canadien s'étant tatoué sur l'avant-bras l'oeuvre « La Fille au Ballon » résidant sur un immeuble de la ville de Londres, avec la phrase « Il y a toujours de l'espoir » taguée juste à côté, il aurait apparemment reçu énormément de critiques insultantes par rapport à ce tatouage de la part des fans de Banksy en clamant que le chanteur, suite à son acte, venait de ruiner l'art du pochoiriste. D'autres demandent à ce qu'on lui coupe le bras ou affirment même que le ballon de que lâche la petite fille « s'envole comme sa carrière musicale ». Banksy aurait aussi lui-même critiqué l'acte du chanteur en publiant la photo avec son compte personnel sur l’application Instagram, avec comme description « Controversé ». L'entreprise Apple profitera également du succès de Banksy afin de vendre. En effet, les designeurs se sont inspirés de « La Fille aux Ballons » et de « Flower Thrower » pour des autocollants. Ces derniers sont à coller sur le dessus d'un ordinateur. Le résultat final représente le manifestant de l'oeuvre 'Flower Thrower' entrain de jeter la pomme, étant le logo d'Apple, au lieu de son bouquet de fleurs. Pour « La Fille aux Ballons », les ballons seront aussi remplacés par la pomme. Ces autocollants sont en vente pour pas moins de 8€. De plus, plusieurs passants ou touristes n'hésitent pas à se mettre en scène avec des œuvres de l'artiste dans des situations qui peuvent intégrer le contexte des ces dernières le temps de quelques secondes, immortalisées par des photos. Par exemple, «Lonely Man With A Bouquet of Flowers», représente un homme habillé en costume, tenant dans ses mains un bouquet de fleurs fanées où on peut voir les pétales des fleurs tomber par terre. L'oeuvre en elle-même représente le désespoir amoureux qui vise peut-être notre génération par le manque de romantisme dans nos relations de couples. Trois strip-teaseuses du Hustler Club, se sont mis en scène avec l'homme du graffiti, ce qui amplifie le manque de romantisme, les stip-teaseuses étant communement des symboles de la luxure et du voyeurisme. 

 

 

 

 

 

       Pour terminer, nous pouvons en conclure que malgré sa mauvaise réputation auprès des autres street-artistes, Banksy reste tout de même un graffeur à part entière de part son travail et sa technique, le pochoir, qui aura évolué au fil des années. Mais les avis étant partagés à son sujet car beaucoup trouvent son art engagé et réaliste mais aussi provoquant, il parviendra malgré tout à être populaire et reconnu. C'est en choisissant les lieux d'exposition de ses œuvres pour susciter encore plus l'interet du public et donnant à ses œuvres une plus grosse valeur de part leurs succès, que Banksy agira de différentes façon afin de propager son art. En effet, il n'hésite pas à profiter de la notoriété de certains icones américains tels que Paris Hilton, Mickey Mouse ou encore Ronald McDonald, afin d'élargir sa propre popularité dans le but d'atteindre toujours plus de personnes. Le public sera également complice de Banksy en l'aidant, inconsciemment, à rendre ses œuvres plus populaires qu'elles ne le sont déjà, notamment en se mettant en scène avec ces dernières, en prenant pour exemple « Lonely Man With A Bouquet Of Flowers », en les dupliquant ou en les vendant. En effet, « Mobile Lovers » a été vandalisé dans le but de gagner de l'argent pour une association en faisant payer l'entrée dans le but de pouvoir admirer ou contempler l’œuvre. Grâce à la notoriété que Banksy a acquise au fil du temps, ce sont désormais à des prix exorbitants que les œuvres de l'artiste sont mise en vente. Ironie du sort car Banksy a toujours exprimé son incompréhension vis-à-vis des achats d’œuvres d'art car pour lui ce n'est qu'une raison de posséder l’œuvre afin de se vanter auprès de son entourage et non une question de passion ou d’intérêt particulier pour l'art en lui-même. D'autre part, il ne faut pas oublier qu'un street-artist n'a, à la base, pas pour objectif de gagner sa vie grâce à son art qu'il partage publiquement. Or, ce qui faut la particularité de Banksy est l'intrigue ; le personnage qu'il a crée autour de son anonymat. On peut donc dire de Banksy que son ingéniosité lui aura valu son succès et que tant qu'il ne sera pas démasqué, la curiosité et l’intérêt du public persistera. Ce qui signifie que nous entendrons parler de Banksy encore longtemps. 

 Alicia Morris, Skye Thomas et Darah Da-Ve (de gauche à droite) posant avec l'oeuvre de Banksy en face du Hustler Club

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